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176 SÉBASTIEN CASTELLl0N· . prêtant aux exercices oraux : il recommande en tout pre- mier lieu les Dialogues sacrés dont il copie le titre d`apres I l`édition de YVinter de 1545 ', et il donne tout le détail de lalecon 2 analyse grammaticale, étude de la construction, enlin traduction soignée dans la langue maternelle. Il insiste sur ce dernier exercice, qui est une nouveauté hardie; il la justitie en aflirmant que nos langues vulgaires ont aussi leur genie, leurs règles, leurs beautés, et qu’il faut que nos eleves sachent manier aussi bien la langue du peuple que celle des savants ’. i ‘ VII Il est difficile de nous rendre compte aujourdhui du succes d’un livre scolaire de ce genre. La France et la Suisse fran- caise lui ayant été fermées, il n’est pas étonnant que les Dialogues sacrés soient peu représentés dans nos bibliothe- ques et n’aient presque pas laissé de trace dans l’histoire de nos colleges. Mais il n’en a pas été de même dans la Suisse allemande et dans tous les pays allemands. Une enquête non pas complete mais pourtant approfondie nous a permis de donner la preuve irrécusable du long emploi et de l`influence continue de ce livre de classe en Allemagne jusqu’a la fin . du xv111° siecle. _ On trouvera dans un appendice à la fin du présent volume “ le relevé des éditions dont il a été possible de retrouver des exemplaires dans les bibliothèques publiques d’Allemagne, ' d’Autriche, de Hongrie, d’Angleterre, de I·Iollande, etc. En voici les résultats sommairement récapitulés : Du vivant de Castellion, il avait paru à Bale au moins · _ six éditions distinctes chez Oporin, et peut-être autant chez 1. Voir notre Bibliographie dans l'appendice`à la Cm de, ce volume. 2. « Ego vernaculœ linguœ usum in scholis una cum latino sermoue diligentissime tru- dendum puto, imitatione Ciceronis qui ad sunm utilitatem semper cum grzecis (id est cum docta lingua) latina (id est sibi popularem et vernaculam linguam) ·se conjunxisse dicit » ` (p. 23). Notons pour rendre justice à notre tour à l`obscur professeur de Saverne qu'il saisit l’occasion pour glisser entre parenthèses un conseil qu’on aime toujours ii relire it cette époque, celui de rompre avec la brutalité des anciens colleges : le role du maître, dit—il, ' c‘est d'exciter et non de comprimer; il doit attiser et non éteindre les étincelles que la nature n mises dans Yenfant., etc. A 3. Voir, au debut de cet appendice : I. Bibliographie des Dialogues sacrés.