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198 SEBASTIEN cAsrELL10N. s’etendait rapidement dans tout le Sud-Ouest; l’autre `était la cour de Nérac. . Le vieux maître céda pourtant, et il fallait s’y attendre. Commentirépondre par un refus à l’auteur de l’Institzmon' c/zrétiemze, a ce jeune homme dont il avait deviné le génie et qui l’appelait à lui au moment de constituer cette première république évangélique placée comme un avant-poste sur le flanc même de la France? Peut-être aussi le perspicace pro- fesseur avait-il déja vu que la semence 116 lèverait pas a Bor- deaux ou qu’elle y levait trop vite pour prendre pied et braver les prochains orages. Peut-être reconnaissait—il dès lors ce qui deux ou trois ans plus tard allait éclater a tous les yeux, Yimpossibilité de rien fonder de franc et de sérieux sans sortir des vieux cadres et sans rompre avec l’Église. Quoi qu’il en soit, il partit, et nous le trouvons à Genève dès 1537, non pas à la tète du collège, mais comme à Bordeaux, en second; c`etait sa place de prédilection. Vieux professeur (il avait cinquante—huit ans), il voulait reste1· homme d’école et homme d’étude, tout entier a la recherche des meilleures méthodes pédagogiques. On ne fit pas violence a sa modestie; seulement, dans le prospectus du collège qui parut en jan- ‘ vier 1538, on ne manqua pas de constater sa présence et de citer son nom, sans épithète 11i commentaire, en signalant un des exercices scolaires dont il avait la direction. . . Le collège de Rive eut un heureux début, mais ce fut tout. Dès la lin de 1537, les relations entre Calvin et le gouverne- ment de Genève ne permettaient plus d’espérer un accord; ni l’un ni l’autre ne céda, l’un défendant ce qu’il croyait son droit et son devoir de pasteur, l’autre refusant de sacrifier les libertés si chèrement conquises ai une nouvelle forme de théocratie. Les élections de février donnèrent la majoritéaux articulants; Calvin et Farel ne quittent pas leur poste, ils attendent d’etre bannis, et ils le sont (23 avril 1538). Leurs fidèles adhérents ne les suivent pas sur—le-champ. Eux aussi attendent d’ètre mis·en demeure. Ce n’est qu`a la lin de l’année qu’on les oblige à opter : ils adopteront le rite bernois pour la cène ou quitteront la ville. Ils n’hésitent pas.