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1*12 CHAPITRE IV. chez les Vaudois du Piémont'. Le. pauvre étudiant vendit tout, emprunta, jenna pour prolonger de quelques semaines ` ses études 2. Enfin en avril 1540 il alla diriger le college de Montbéliard, position réputée presque brillante “. Pierre Toussaint, comme Fare], demandait bien d’autres collaborateurs : il avait plusieurs églises naissantes, qu’il fal- lait pourvoir, et les ministres manquaient. Calvin laissa partir encore deux jeunes Français qu’il estimait, Jacques Sorel et Robert Louvat. Tous deux venaient de la B1·ie, de ce pays qui, grace à l’éveque Briconnet, avait été le berceau de la Réforme en France. Tous deux étaient nés à Sézanne, bourg ' dont plusieurs habitants étaient à cette heure même détenus it Paris pour crime d`hérésie et quelques-uns déjà b1·ulés ‘. .Robert Louvat fut désigné pour alle1· dans le comté de .Montbéliard, son compagnon dans celui de Neuchatel. Sorel arriva a bon port a Valangin pres de Neuchatel. Mais Robert, parti quelques semaines plus tard, prit en passant un antre _ ministre envoyé aussi dans le comté, Thomas Cucuel. Tous deux, venant de Neuchatel, n'étaient plus qu’a six lieues de Montbélia1·d, ai Saint—Hippolyte, quand ils furentarrêtés, sans doute d’apres les instructions générales du cardinal Gran- velle, qui redoublait alors de sévérité. On les trouva porteurs de lettres de Farel et on les mit « enestroite et dure prison » à Vesoul. Le conseil de Berne se hata d’intervenir en leur faveur aupres des « officiers et bourgeois de Saint—Hippolyte et de Vesoul, leur remontrant de non ainsy persequter ceulx · qui sont de la religion de Jésus-Christ », et réclamant « aussi le droit commun, d’apres lequel chacung homme de bien pcult hanter par tous pays seurement et sans molestement‘ ». Les prisonniers étaient d`autant plus en péril qu’a ce moment Granvelle était ou feignait d’etre inquiet pour la securite de . Besançon menacée, disait-on, par Berne et Neuchatel : il y avait deux ans qu’on avait exécuté, sous ce prétexte, le 1. team de rm: a cman, 5 mv. 1539. 2. « Nune nummum nullum habet quo se ad duos tantum menses sustinere queat, nam i·l tempus sibi statuerat. Siposset alirxunde tantum peeuniœ illi conflari, consultum bene illi met. ·· (Lettre a remi, si aaa. 1520.) 3, Lettres de Farel à Calvin, 16 avril 1540; de Calvin à Farel, 13 mai 1540. 4. Lettres de Farel a Calvin, 16 avril 1540. (Herminjard, VI, 207, notes Il-12.) 5. 27 août 1510. (Hermingard, VI, 277.)