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104 _ — SEBASTIEN GASTELLION. · Calvin était sur le point de se marie1·, il allait épouser Ide- lette de Bure, la jeune veuve d`un anabaptiste qu`il avait converti; Farel et Bucer s’occupaient déja de la bénédiction nuptiale, qui ne leur fut donnée qu’au mois d’août suivant'. Il clemeurait alors avec son frere Antoine et quelques pension- naires’, qui probablement contribuaient a établir l`éq_uilibre de ce budget plus que modeste. (Tétait un intérieur sévère on la auvreté s'était faitsentir lus d’une fois au début surtout°. O P _ P 1 Mais ce Il en était pas 11101115 une insigne faveur tllêtre admis dans l’l1umble demeure dont il faisait dé`a ce tu’il fit lus P tard de Geneve, la pépmiere des ministres et des martyrs. ' Le mo111ent ou Castcllion y arrive est un des plus heureux de la vie de Calvin, un des plus beaux de l`histoi1·e de Stras- bourg au X\’l° siècle. Calvin se croit rendu pour longtemps a ce qui lui paraissait sa véritable vocation : il étudie et il enseigne. La du moins il croit faire œuvre utile. Le bonheur qu`il savoure, ce n’est pas l’orgueil de sa renommée grandissante, il ne connut jamais cette vanité, c’est la joie d’avoir échappé aux batailles stériles de Geneve, d’employe1· ses forces au service de la bonne cause au lieu de les épuiser dans une lutte de tous les instants contre des intérêts politiques, cont1·e des intrigues de parti, contre la lâcheté des uns, la grossièreté des autres. Deux années durant il avait soulevé ce fardeau, par u11 effort incessant, se raidissant, se faisant violence. Enfin il est- délivré du cauchemar, et il respire librement. La vieille ville libre impériale lui offre l’asile ii la fois le plus sur, le plus calme, le plus noble qui soit alors au monde. , Ce qu’avait été Lyon pour la France jusqu`au triomphe du parti violent, Strasbourg l’était, et bie11 mieux encore, pour l’Allemagne. Ce n’était pas seulement la tolérance, c`était la que hait jours et a dû céder sa chambre 21 1'arrivée de Mme du Verger. Or, par lettre du 13 août 1541, Calvin recommandant cette dame à Viret lui dit: « Haze matrona circiter quin· decim memes apud nos fait ». 1. Lettre de Farel a Calvin, 16 avril 1540. 2. C'cst probablement le départ de l’nn d'eux, Jacques Sorel (de Sèzanne), envoyé comme pasteurà Valangin, pres de Neuchatel, à la (in de mai 1540, qui permit a Castellion de pren- dre sa place chez Calvin. (Voir plus loin P. 112 et 113.) 3. « Ea anim mea conditio est ut asscm a me numerare noqueam. » (Calvin à Farel.) A diverses reprises, il avait du vendre ses livres pour vivre.