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STRASBOURG· CHEZ CALVIN. 99 A etre une savante tactique, et `la plus dangereuse maniere d’attaquer l`ennemi. Ce calcul eut été juste, mais il n`existe paschcz Calvin; il— parle ainsi non par habileté, mais pa1· conviction, et de la son incomparable puissance. Son Institu- tion répond tres sincerement et la mise en demeure de l’Églisc par une mise en demeure contraire. Lui aussi répudie les tiedes; lui aussidemande, commande ài chacun de prendre parti, d’ètre avec Dieu ou contre Dieu, de se ranger sous l`une ou sous l’autre banniere. Il ne se paye pas de 'mots. Il n’a de goût ni 1)OU1‘ les promesses de conciliation équi- · voque, ni pour les essais de transaction savante. Il n’est pas lztthértadt, car il n’épouse pas aveuglément les opinions de Luther, mais entre Luther et le pape il n’hésite pas, et il ne ménage pas les amis de la Réforme qui vou- draient rester les amis du pape. Il y a dans cette prise de ‘ position quelque chose de généreux sous l’apparence même _ de la sécheresse théologique, quelque chose de viril et de franc qui prêche la droiture et qui devait prendre les ames fortes. Représentons-nous maintenant un de nos jeunes humanistes de Lyon lisant pour la premiere fois cet austère et véhément appel._Beprésentons—nous Castellion dévorant ces pages qui viennent d’arriver de Strasbourg ‘ et s’y retrouvantlui-méme, mais lui—mème agrandi et fortifié. Ce sont hie11 la toutes ses pensées, mais mises au clair etpar ordre, tous ses sentiments, analysés et fixés, toutes ses velléités religieuses devenues ’ de fermes volontés. Que faire, apres que le voile est ainsi · déchiré? Maintenant qu’il n’y a plus ni malentendu ni sous- entendu possible, il ne lui 1'®StG qu`a se prononcer par oui ou par non. La conscience parlait déja, mais obscurément et faiblement: Calvin lui a donné u11 langage aussi net qu’impérieux. Il faut avancer ou il faut reculer, avoir le courage de rompre avec Rome ou celui de capituler avec sa conscience. C’est un des grands caracteres de l`Institztt·£0n c/tréticnoze, qui nous échappe un peu Z1\ljOllI'(lll1lll : ce livre l. La 2’ edition parut in-/`olio en 1539, chez Rihel, à Strasbourg.