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86 . seeasriniv ctsranmon. pris de raillerie une maniere de se discnlper a leurs propres yeux et aux yeux d`autrui, un badinage qui les dispensait tl’aller a la messe sans les obliger d’aller en prison! · D’autres enhn, et cette derniere variété n’est pas la moins intéressante, se réfugient dans une sorte de mysticisme com- plaisant: c`est par la que finiront les Briconnet, les Gérard Roussel et tout le clergé de Marguerite de Navarre, et Mar- g·uerite elle-même. Ils se consolent entre eux de la gros- sièreté des doctrines qu’ils n’osent l‘épll(lIOl` et des pratiques auxquelles ils s’associcnt, par un langage plein <l`allégories qui leur permet de tout accepter en tout spiritualisant. Ils ont même trouvé des arguments spécieux pour se démontrer ` qu'ils ne doivent pas faire schisme, qu’il faut rester dans l’Église, sauf_a interpréter tout bas. A Tandis que, par ces diverses voies, tant d’esprits distingués trouvaient moyen de ménager leurs opinions secrètes et leur sécurité, de vivre en paix avec l`Eglise et avec leur conscience, il y avait en France, dans le peuple des villes, dans la bourgeoisie, dans les écoles, dans le bas clergé, des hommes qui n’entendaient rien·a ees rafflnements de sagesse et qui, ne connaissant pas de moyens d'éviter la prison, l’exi| ou le feu,·y allaient sans hésiter. Partout, à. côté des Boys- sonné, l`histoire nous montre les Cadurque. Mais, si le spec- tacle de lillôllllïlû qui meurt pour sa foi est toujours digne d’admi1·ation, il éton11e particulierement en France au moment précis du XVIC siecle qui nous occupe ici, c’est-51-dire dans les années qui ont suivi Luther et précédé Calvin. Pourquoi meu1·t Cadurque a Toulouse? pourquoi Jean Leclerc a Paris, pourquoi Pavannes, et tous ces héroïques << luthériens de Meaux » qui n’étaient pas des luthériens? Pourquoi tant de pauvres femmes, femmes d’artisans, de bourgeois ou de seigneurs, qui donnent l’exemple a leurs U maris et ai leurs Gls tl’un courage que u’ébraulent ni le cachot, ni la torture? Leur doctrine n’a pas même de nom; ils l’appellent l’Évangile, et elle n`est que l’Évangile même. Ils meurent parce qu’ils ont découvert que Jésus—Christ 'est a lui seul le sauveur des hommes, et qu’il n’y a nul autre intermédiaire a invoquer. << Nous soulfrons, disait une de ces