Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE UHUMANISME A LA RÉFORME. S5 et il développe cette maxime, qui pourrait être sa devise, avec une clarté toute prosaîque : A Cedere nonuumquam magnatibus utile multum est : Cedere difûciles damnave morsve manent 1. Ces vers s’entendent su1·tout sion les rapproche de la petite pièce qu`il ad1·esse à Guillaume Sève a propos de ce qui est arrivé at Boyssonné’; on y devine une profonde et respec- tueuse Sympathie pour le persécuté, avec le souci de ne rien · dire de trop à l’égard des persécutours : Pene Boyssonem quo uno nil sanctius, atra Absorpsit variis fluctibus Impietas. Aftlicto Pietas prope tardius adfuit, imo Seminecem diris eripuit mauibus. Mêmes formules pleines de réserve dans ses félicitations ài Mélanchtlion, a Jean de Pins, à Gérard Roussel nommé évêque d’0loron. qu’il loue de son zèle ai écarter les faux pasteurs, sans dire qui ils sont“. Pour Rabelais seul il trouve des accents presque hardis, a travers les formules mytholo- giques ‘. Si comme les autres humanistes il laisse encore voir qu’il ramène la religion a << Christ » 5, il a toujours soin dé S`tIl`1`êtCl‘ juste au point où commenceraitl`in1prudence. Il a ou1· nos lettrés, a L 'on, comme dans le reste de Y P . . · . . la France, bien des manières de fau·e leur soumission. Quel- (IUGS-LIDS prennent tout en riant Z ils ne comprennent pas beaucoup plus les gens qui meurent que les gens qui tuent pour un dogme; ils détestent la stupide brutalité des bour- reaux et déplorent le candide entêtement des martyrs. C’est bien ainsi (ue oensaient a des de rés divers et en se l l , v l`avouant a demi, Érasme, Rabelais, Dolet, Despériers. Mais combien dautres au-dessous d`eux, sans avoir l`excuse dun génie t1·op en avant du siecle, avaient trouvé dans ce parti 1. ‘Epig1·ammata, p. 105. 2. Ibid., p. 1i3.—Boyssonné était alors poursuivi de nouveau : malgré Yuhjuration plus liant rapportée, il resta toujours suspect dc tendresse pour les mêmes idées. Venu à Lyon en 1536 pour plaider sa cause auprès de François I", il la gagna gràce il l'sppui de Mar- guerite de Navarre auprés du roi et de Guy de Breslay dans le conseil. Christie, p. 285-287. 2. md., p. 56,81 et Ms. ' 4. Ibid., p. 55. _ 5. Voir sa paraphrase en trois distiquas du Sum uiaçverum el vita, p. 50. `