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DE L’HUMANISMl<] A LA RÉFORME. 83 C'est bien la le cri d’un homme qui a été lâche devant le péril, mais qui ne lest pas assez pour n’en point rougir. Ce serait faire tort aux lettrés de Lyon, aux maîtres du college de la Trinité, que de les juger tous d’apres Nicolas Bourbon. Mais si la plupart ne s’exécuterent pas aussi doci= lement que le versiticateur besogneux, il faut pourtant con- venir que, serrés de pres, ils durent faire leur soumission. Seulement T- et c’estla un. des merveilleux secrets de la puis+ sance de l’Eglise — cette soumission a plus ou moins d'éclat. On ne leur fait pas il tous l’l1onneur de leur imposer comme à Marotfabjuration en regle ou comme à Bourbon une pali- nodie en vers‘. Il y a plus : on ne tient pas a pénétrer bien . avant dans leur for intérieur. A ces inollensifs amants des lettres il fallait des ménagements, que l’Église ne leur 1·efuse pas. Mere indulgente, pourvu qu’un acte d’adhésion publique _ l’ait rassurée, elle ferme les yeux sur le reste, elle ne poursuit pas le vieil homme dans le converti. Est-ce bonté, est—ce dédain? elle a de tels égards pour ceux qui se sont soumis, elle leur laisse prendre tout bas tant de libertés, qu'à peine sentent·ils leurs chaînes. Elle ne réclame que le strict néces- saire de 1`obéissance, mais cela, elle l’exige a tout prix. Nul n’ajamais su mieux qu'elle — et nos lettrés n’ont pas manqué d'en faire la remarque -— , Parcere subjectis et tlebellare superbes. Aussi, que va—t—il se passer a Lyon de 1538 ai lîîitl? Exac= tement ce qu’on avait déja vu lors de la précédente crise, dans un tout autre milieu, ai Toulouse : Dolet, `Voulté, Gri= baldi et un certain nombre de Toulousains réfugiés à Lyon n’en avaient pas perdu le souvenir ’. · · A Toulouse, en 15§2, deux hommes avaient attiré sur eux l’attention publique et les poursuites de l’Eglise en doni nant le signal d’un mouvement de réforme que l’Université avait accueilli avec enthousiasme : détaient deux de ses 1. Citons un autre exemple tant analogue que vient de mettre cn lumière M. N. \Veiss, l'beureax et infatigable explorateur de cette periode : l'urrêt¢luPnrlemex1tde Paris QQ¤glam- nant le poete Germain Colin ii la rétractation publique à Angers (19 juillet 1540). Bull. de la Sac. ¢1’Iiist. du prat. hu, janvier 1891, p. 74. 9. Voir Voulté, dans ses diverses préfaces et dans nombre de pièces: