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AVERTISSEMENT. vij


former avec elle une diphtongue ; et l’autre se joint avec la voyèle qui suit. Ainsi crayon, payer, essayer, apuyer, se prononcent come s’ils étaient écrits crai-ion, pai-ier, essai-ier, apui-ier. D’aprês ce principe, reconu de tout le monde, oy doit se prononcer comme oi-i : or oi a le son d’oa ; oy équivaut donc, dans la prononciation, à oa-i. C’est ce que l’Académie remarque dans son Dictionaire, à la lettre Y ; où elle avertit de prononcer Citoyen, employer, Royal, appuyer, pays, etc. comme s’il y avait, citoi-ien, emploi-ier, roi-ial, appui-ier, pai-is ; et où elle ajoute que c’est mal à propos que quelques Auteurs ou Imprimeurs écrivent : citoïen, moïen avec un ï tréma.

IV. Enfin nous avons quelques lances à rompre contre un de nos Compatriotes, M. Domergue, Auteur d’un Journal, qui s’imprime à Lyon, sous le titre de Journal de la Langue Françoise, soit exacte, soit ornée. Certes, il n’y va pas de main morte ; et, s’il continue du train qu’il a comencé, ce Dictionaire sera pour le Journaliste une mine riche et abondante, propre à remplir et à soutenir long-tems un Journal, qui languit souvent faûte de matière. M. D. parait avoir entrepris la longue tâche de critiquer pied-à-pied tout le Dictionaire Critique. Il débute par dire, que : « Si l’on excepte l’étymologie, partie non moins utile que curieuse, dont l’Auteur ne s’est pas ocupé, le nouveau Dictionaire lui a paru avoir embrassé la totalité de la matière, et avoir, sur les autres Ouvrages de ce genre, l’avantage d’offrir une moisson plus ample… Mais le bel Usage, ajoute-t’il, » la logique et le goût ont-ils dicté tous les articles ? Si cela est, M. " l’Abbé Féraud est, de tous nos Grammairiens, celui qui a le mieux mérité des Lettres Françoises ; s’il lui est échapé quelques erreurs, le Journal de la Langue Françoise doit les éclairer. —— Voyons donc ces erreurs, qu’éclaire M. D. Il y en a de générales, et qui influent sur un grand nombre d’articles de ce Dictionaire:il y en a de particulières et de locales.

1°. M. D. n’aprouve pas trop que M. l’Abbé Féraud ait pris l’Abbé d’Olivet pour guide, et qu’il croit qu’il lui servira de garant. Quel guide est infaillible ? s’écrie-t’-il. J’avoue qu’il n’y en a point ; pas même l’Auteur du Journal de la Langue Françoise, soit exacte, soit ornée. Mais enfin il en faut un dans une route si dificile et si tortueûse; et jusqu’à-présent il n’y en a point de plus sûr pour ce qui regarde la Prosodie, ni qui ait une aussi grande autorité, que l’Ab. d’Olivet. Nous ne pensons pas que M. D. ait la prétention qu’on doive préférer ses opinions à celles de cet illustre Académicien.

Le Journaliste dit âilleurs, qu’en général la Prosodie de ce Dictionaire n’est pas trop sûre:mais lui, où a-t’-il puisé la sienne ? Il serait peut être convenable qu’il fît ses preuves, et qu’il montrât ses titres et ses lettres de créance. = Il est possible qu’il y ait quelques erreurs dans le Traité de la Prosodie de l’Ab. d’Olivet ; et je croirais avoir rendu un service essentiel au Public, si mon Dictionaire donait ocasion à mieux examiner cet Ouvrage três-important, qu’on estimé beaucoup sans le lire ; et d’en discuter avec soin les principes. Ce travail serait sur tout digne de Mrs. de l’Académie Française ; et il ocuperait três-utilement les Séances Académiques. En atendant, je n’ai pu mieux faire, je crois, que de suivre les règles tracées par un si habile homme en cette partie. M. D. a pour oracles les Dames de sa Coterie, qu’il cite avec complaisance, sans les nomer. Mais je n’ai pas eu l’avantage d’être à portée de les consulter.

2°. M. D. ne veut point de syllabes douteuses, suivant leur position dans le cours, ou à la fin de la phrâse ; et c’est-là-dessus sur-tout qu’il trouve le systême