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IV AVERTISSEMENT.


ils verront que c’est la règle, que done l’Auteur d’après l’usage, et non son propre exemple, qui doit servir de guide. Ce n’est donc pas sa maniéré décrire, dans ce qui est du raisonement employé dans le cours de l’ouvrage, qu’on doit considérer, mais les remarques qu’il fait sur l’ortographe et la prononciation, a chaque mot, rangé suivant l’ordre alphabétique, qu’on doit consulter, quand on a quelque doute.

II. Un plus grand nombre tient à l’anciène ortographe : et outre l’usage, qui est la grande raison, ils en aportent d’autres, qui sont assez spécieuses. Nous ne pouvons mieux faire que de transcrire ici ce que dit, à ce sujet, dans sa Gramaire, le P. Buffier, qui a instruit le procès à charge et à décharge, en y ajoutant quelques réflexions. Nous nous étions déjà proposé de le faire dans la préface ; mais nous avons craint de trop grossir le premier volume’==’Les Fondemens de l’anciène ortographe, dit Cet exçélent Gramairien, sont i°. » Qu’il n’est point permis à des

 « particuliers de changer rien dans le langage prononcé et qu ils n’ont pas plus
» de droit de rien changer au langage écrit’==’2°. On perdroit, en quittant
» lancienne ortographe, la conoissance des étimologies qui font voir de quels mots
« latins ou grecs viennent certains mots françois.’==’3°. Il importe peu quels
» soient les caractères, dont on se serve, pour exprimer les sons par écrit,
« pourvu quon puisse savoir le raport de ces caractères aux sons quils indiquent.
« Toutes les nations ont quelque bizarerie sur ce point ; comme elles ne pensent
« point à se réformer en notre faveur, nous ne devons pas prendre une autre
« disposition à leur égard. '==' 4°. On ne vient point à bout, avec la nouvelle
« ortographe, doter toutes les dificultés : il faudroit pour cela introduire de
» nouveaux caractères dans notre écriture, qui la rendroient tout-à-fait barbare,
» et qui renverroient les gens de lettres à lalphabet, pour recomençer, sur
» nouveaux frais, daprendre à lire et à écrire’==’5". Par une suite nécessaire,
» on méconoîtroit entièrement le langage, c’est à dire, lortographe de tous nos
» livres ; et cette quantité, que nous en avons dexcélens, deviendroient, en peu
» d’années, hors d’usage’==’6°. L’on ne verroit plus le raport, qui est et qui
» doit être entre les mots dérivés l’un de l’autre : par exemple, si l’on écrit tems
» au lieu de temps, en ôtant le p, on ôtera le raport de temps aux mots temporel,
» temporiser et à ses autres dérivés’==’: 7°. La nouvelle ortographe ôteroit à
» l’écriture une prérogative considérable, savoir • que plusieurs mots de notre
» langue, qui sont équivoques par le son et à loreille, ne le soient pas du moins
» par l’ortographe et aux yeux : le mot Ville est équivoque dans le son avec le
» mot vile : mais en le lisant, l’équivoque est entièrement ôtée. »

En raportant les Fondemens de la nouvelle ortographe, j le P— Buffier ne répond point à la première raison, qu’on aporte pour prouver qu’on doit conserver religieusement lanciène : nous devons y supléer. Nous disons donc qu’on y établit une comparaison, qui n*est pas juste, entre la proncnciation et l’ortographe. La prononciation, arbitraire dans son origine, doit être, autant qu’il se peut, imnmuable dès que l’usage l’a consacrée. Il n’y a aucune raison  ; il y aurait même de grands inçonvéniens à y introduire, à y souffrir le moindre changement. L’ortographe, au contraire, qui est l’image de la prononciation, peut être changée avec avantage pour y être plus conforme, et pour cesser d’induire en erreur ceux qui manquent de principes en ce genre. Il n’y aurait d’inconvénient que dans les changemens trop brusques, et qui seroient poussés trop loin.’==’i°. Le p. Buffier répond au 2d article, que la raison des étimologies ne