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ces phrâses) suivant l’exigence du câs, du temps, des affaires ; c. à d. selon que le câs, le temps, les affaires l’exigent, le demandent.

EXIGER, v. act. [Ègzigé ; 1re è moy. dern. é fer.] 1°. Obliger à faire quelque chôse, en vertu d'un droit légitime. Acad. Cette dernière circonstance n’entre pas nécessairement dans l’idée d’exiger ; car on exige souvent sans droit et sans raison. N’exiger que des choses raisonables. Exiger des égards, des attentions qu’on ne nous doit pas — 2°. Obliger à payer. Exiger des contributions. Usurier, qui exige de gros intérêts — 3°. Il se dit des choses : Obliger à certains devoirs. Votre naissance, votre honneur, votre état exigent cela de vous ; exigent plus de générosité, plus de retenue ; exigent que vous fassiez paraitre plus de courage, de régularité, etc.

EXIGIBLE, adj. [Ègzigible : 1re è moy. dern. e muet.] Qui peut être exigé. Sommes exigibles, droits, dettes exigibles.

EXIGU, ûe, adj. Exiguité, s. f. [Ègzigu, gû-e, gu-ité : 1re è moy.] Petit, modique. L’usage de ces mots est borné au style plaisant et moqueur. Repâs, revenu, exigu ; somme exigûe. — Les Genevois ne demandent pour consolation de leur exiguité que l’assurance de ne pas subir de métamorphôses. Linguet. Le corps des insectes, dont l’exiguité est inexprimable Trad. de Pline. L’abondance ou l’exiguité des étrennes. De Mayer. Ce substantif n’est pas dans les Dictionnaires, mais depuis quelque temps, c’est un mot à la mode.

EXIL, s. m. Exilé, s. m. Exiler, v. act. [Egzil, zilé,  : 1re è moy. 3e è fer.] Exil a la même signification que bannissement, mais il n’a pas le même emploi. Celui-ci est une condamnation en Justice ; l'autre est une peine imposée par le Souverain. Dites en de même d’exilé et de banni ; de bannir et d’exiler. Voyer Bannir, Bannissement. Envoyer, aller, être en exil. Être rapelé de son exil. Un exilé, les exilés. On l’exilé de la Cour, du Royaume, etc. Il est exilé en Bretagne, en Auvergne, à Quimper, à Billon, etc.

Exil se dit figurément d’un lieu moins agréable que celui où l’on est accoutumé de demeurer. Pour les gens de la Cour, la Province est un lieu d'exil, un vrai exil.

EXISTANT, ante, adj. Existence, s. f. Exister, v. n. [Ègzistan, tante, tance,  ; 1re è moy. 3e lon. aux 3 prem. é au dern.] Existence, c’est l’être actuel, l’état de ce qui existe. Exister, être actuellement, avoir l’être. Existant, qui existe. L’existence de Dieu, des chôses créées. Toutes les créatures qui existent, ou existantes ? — On dit d’une dette qui est éteinte, qu’elle n’existe plus. — Il existe, il y a. Il existe encôre des monumens, des traces, des souvenirs de, etc. * EXORABLE, adj. Ce mot ne s’est pas soutenu, quoique employé par Corneille, quoique sonore et énergique ; et son composé, inexorable, s’est si bien établi, qu’il est employé dans le style le plus noble. J’avoue que je regrette exorable, et que j’en désire la résurrection.

Rendez-la, comme vous, à mes vœux exorable

Corn.

EXORBITANT, ante, adj. Exorbitamment, adv. [Ègzorbitan, tante : ègzorbitaman : 1re è moy. 4e lon. aux deux prem.] Excessif, qui pâsse de beaucoup la juste mesure. Taille, grosseur, dépense exorbitante. Pouvoir exorbitant, autorité exorbitante. — Exorbitamment, excessivement : d'une manière exorbitante. Dépenser exorbitamment.

* EXORBITER, v. n. Sortir des justes bornes. Néologisme peu heureux. Elles sont extrêmement râres, ces voies extraordinaires : elles exorbitent de l’ordre commun. Anon. — Pourquoi un nouveau mot, quand il y en a un ancien, aussi expressif ? Pourquoi ne pas dire : elles sortent de l’ordre commun.

EXORCISER, v. a. Exorcisme, s. m. Exorciste, s. m. [Ègzorcizé, cisme, ciste ; 1re è moy. dern. é fer. au 1er, e muet aux autres.]

Exorcisme, paroles et cérémonies de l’Église pour chasser les démons. Exorciser, c’est se servir de ces paroles. Exorciste, celui qui exorcise, qui fait les exorcismes. C’est aussi un des quatre Ordres Mineurs. Faire les exorcismes. Exorciser les démons, un possédé : l’eau, le sel, etc. — Figurément, (st. fam.) Exorciser, c’est presser fortement quelqu’un de faire quelque chôse, qui est de son devoir. On l’a prêché, exhorté, exorcisé, mais inutilement.

EXORDE, s. m. Commencement d’un discours