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quinzaine, au mois, ébaudissez-vous bien, vous ne me ferez surement aucun mal, dit dans son dépit M. du B… auteur du vieux Garçon, Comédie.

ÉBÈNE, s. f. Ébéner, v. act. [1re é fer. 2e è moy. au 1er, é fer. au 2d : le Rich. Port. ne met point d’accent sur le 2d e du verbe : ébener.] L’ébène est le bois de l’ébénier. " Il y a diverses sortes d’ébènes : de l’ébène noire, de la verte, de la grise. Quand on dit, de l’ébène tout court, on entend parler de la noire. Cabinet d’ébène. Travailler en ébène. Ébéner, c’est doner à du bois la couleur de l’ébène. —— L’Acad. ne met pas ce verbe : il est dans Trév. et dans le Rich. Port.

ÉBENIER, Ébeniste, s. m. [1re é fer. 2e e muet, suivant l’Acad. et le Rich. Port. —— Trév. met un accent aigu, ébénier, ébéniste : ainsi ce 2d e serait donc fermé comme le 1er. Les sentimens et la pratique sont partagés sur ces deux prononciations.] Le 1er se dit d’un arbre des Indes et d’Afrique, dont le bois est fort dur, et ordinairement noir ; le 2d, d’un ouvrier qui travaille en ébène, et en ouvrages de marqueterie.

* ÉBÊTÉ. C’est ainsi que Rollin écrit ce mot dans son Histoire Anciène. —— On écrit hébété avec une h. Voy. ce mot.

ÉBLOUIR, v. a. Éblouissant, ante, adj. Éblouissement, s. m. [Éblou-i, i-san, sante, seman : 1re é fer., 4e lon. au 2d et 3e, e muet au der.] Éblouir, c’est empêcher l’usage de la vûe par une trop grande lumière. Il se dit au propre et au figuré : " Le soleil, la grande blancheur, éblouit la vue, ou, les yeux ; nous éblouit. —— C’est une beauté qui éblouit (le régime est sous-entendu.) —— Plus figurément, c’est 1°. Surprendre l’esprit par quelque chôse de brillant, de spécieux. « Il m’a allégué tant de raisons, qu’il m’a ébloui. » On se laisse souvent éblouir par une éloquence artificieuse. " Les hypocrites ont souvent ébloui les simples par leurs spécieux dehors. Fénélon. 2°. Tenter, séduire. " On se laisse aisément éblouir par les richesses, par de séduisantes promesses. Il régit ordinairement la prép. par, sur-tout au passif. « Il fut ébloui par l’éclat de tant de flambeaux. Il régit quelquefois la prép. de. » Ebloui des charmes trompeurs de la gloire, de l’éclat des richesses, etc.

Éblouissant, se dit dans tous les sens de son verbe, au propre et au figuré. " Éclat


éblouissant, couleur éblouissante. Beauté éblouissante. Raisonemens éblouissans. Promesses éblouissantes, etc. etc. —— M. Marmontel lui fait régir la prép. de : " Éblouissante de vivacité et de fraicheur. On le dit ordinairement sans régime.

Éblouissement, ne se dit qu’au propre : 1°. Dificulté de voir, causée par une trop grande lumière. « On ne peut regarder le soleil sans éblouissement. » La neige cause de l’éblouissement aux yeux, à ceux qui la regardent trop long temps. —— Il ne serait pas bon de dire au figuré : « L’éblouissement que causent les richesses. Balzac a dit, et le Dict. de Trév. l’aproûve : » La grande estime que nous avons pour les Prédicateurs, peut venir de notre éblouissement et de notre illusion. On ne le dirait pas aujourd’hui, ou l’on dirait mal. 2°. Dificulté de voir, ocasionée par quelque vapeur, ou aûtre caûse intérieûre. « Il m’a pris un tel éblouissement, que je ne voyois goutte. » Les vapeurs sont souvent accompagnées de vertiges et d’éblouissemens.

ÉBORGNER, v. act. [Mouillez le g.] Rendre borgne. « Une branche d’arbre l’a éborgné. —— Par exagération, faire grand mal à l’œil » Vous m’avez éborgné. Figurément, ce mur, cet arbre éborgne cette chambre, cet apartement, lui ôte une partie de sa vûe, de son jour.

* ÉBOUFFER (S’), v. réc. Richelet, s’éboufer de rire. Il est bâs et populaire. —— L’Acad. ne le met pas. On dit, pousser de rire.

ÉBOUILLIR, v. n. [Ébou-gli : mouillez les ll.] Diminuer, à force de bouillir. Il ne s’emploie qu’à l’infinitif et au participe. « Ne laissez point tant ébouillir le pot. » Le pot est trop ébouilli. " Cette saûce est trop ébouillie.

ÉBOULEMENT, s. m. S’ébouler, v. r. Éboulis, s. m. [Ébou-le-man, lé, li:1re é fer., 3e e muet au 1er, é fer. au 2d.] S’ébouler, se dit des terres, des bâtimens qui se renversent. Acad. On le dit sur tout des terres. Pour les bâtimens, on dit d’ordinaire, s’écrouler. « Le rempart s’éboule; cette muraille, cette pile de bois s’est éboulée. —— Et neutralement : » Cela fera ébouler ce bastion. Acad. Eboulement, chûte de la chôse qui s’éboule. " Éboulement des terres. L’Acad. dit, éboulement de la muraille, du bastion. On dit plutôt, écroulement. Eboulis, terre qui s’est éboulée. " Éboulis de terre de sâble, etc.