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AVERTISSEMENT. xj


Mais à lui permis de faire cette distinction métaphysique, introduite par de nouveaux Gramairiens, qui, réduisant toute la Gramaire en définitions abstraites et subtiles, n’ont réussi qu’à embrouiller les idées, au lieu de les éclaircir ; et en introduisant un nouveau langage, ont rendu les règles de cet art plus obscûres, sur-tout lorsqu’ils ne se sont pas acordés entre eux, et que chacun d’eux a voulu faire prévaloir les termes qu’il avait inventés. Pour nous, nous avons pensé qu’il était toujours dangereux de changer les termes d’art, auxquels on est acoutumé, et qu’il vaut mieux conserver les anciens, quoique moins conformes à la précision métaphysique, que d’en introduire de plus justes et de plus précis, auxquels on n’est pas fait, et pour lesquels il faudrait établir de nouveaux Dictionaires. Ainsi, en suivant l’exemple de l’Académie et des plus célèbres Gramairiens, nous apelons verbes réciproques tous ceux qui se conjuguent avec le pronom personel, soit qu’ils soient réfléchis, ou qu’ils expriment l’action d’un sujèt sur lui-même ; comme il se promène, il se divertit, soit qu’ils puissent être apelés réciproques, et qu’ils se disent de l’action que deux persones ou deux chôses exercent réciproquement l’une sur l’autre ; comme : Pierre et Paul se louent l’un l’autre ; les foudres se heurtent dans les airs, etc. Cette distinction ne peut contribuer en rien à la pûreté du langage et à la correction du style ; seuls objèts que nous ayions en vûe ; et ce sont de pûres dénominations, qu’on peut regarder comme indiférentes.

12°. Nous disons que dans acablé, l’a est bref, quoi qu’il soit long dans j’acâble. M. D. décide au contraire que ca est long dans tous les mots de cette famille, soit qu’il précède une syllabe muette, soit qu’il précède une syllabe sonore. Il ajoute que d’Olivet, ne parlant que d’acable, le silence du prosodiste a induit en erreur le lexicographe. En vérité, ce Journaliste parait avoir une bien petite idée de l’Auteur de ce Dictionaire, puisqu’il le fait si mal raisoner. Nous nous flatons qu’on croira sans peine, que nous sommes un peu plus familiarisés que M. D. avec la Prosodie de l’Ab. d’Olivet. Ce n’est pas simplement sur le silence de cet excellent Gramairien que nous nous sommes décidés ; mais, sur son silence combiné avec sa méthode conûe. On peut aisément se convaincre, que, toutes les fois que la pénultième conserve sa quantité devant la syllabe masculine ou sonore, comme l’apèle M. D. d’aprês plusieurs aûtres, d’Olivet ne manque jamais d’en avertir. On a donc droit de conclûre, quand il n’en avertit pas, que la pénultième n’est longue que devant la syllabe féminine, ou, ce qui est la même chôse, devant l’e muet. Je crois que cette logique n’est pas si méprisable. Il ne reste donc que les deux sentimens oposés de M. D. et de l’Ab. d’Olivet ; car le Journaliste n’a pas même voulu s’aider de l’autorité de M. de Wailly, qui le favorise sur cet article : il a cru sans doute que la siène sufisait.

En voilà assez et peut-être trop sur ces critiques. M. D. nous menace d’un déluge d’autres remarques : il veut éclairer toutes nos erreurs : mais si ses aûtres observations ne sont pas mieux fondées, nous sommes d’avance dispensés d’y répondre.