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LIVRE XVII.


Télémaque, de retour à Salente, admire l’état florissant de la campagne ; mais il est choqué de ne plus retrouver dans la ville la magnificence qui éclatait partout avant son départ. Mentor lui donne les raisons de ce changement : il lui montre en quoi consistent les solides richesses d’un État, et lui expose les maximes fondamentales de l’art de gouverner. Télémaque ouvre son cœur à Mentor sur son inclination pour Antiope, fille d’Idoménée. Mentor loue avec lui les bonnes qualités de cette princesse, l’assure que les dieux la lui destinent pour épouse, mais maintenant il ne doit songer qu’à partir pour Ithaque. Idoménée, craignant le départ de ses hôtes, parle à Mentor de plusieurs affaires embarrassantes qu’il avait à terminer, pour lesquelles il avait encore besoin de son secours. Mentor lui trace la conduite qu’il doit suivre, et persiste à vouloir s’embarquer au plus tôt avec Télémaque. Idoménée essaie encore de les retenir en excitant la passion de ce dernier pour Antiope. Il les engage dans une partie de chasse, dont il veut donner le plaisir à sa fille. Elle y eût été déchirée par un sanglier, sans l’adresse et la promptitude de Télémaque, qui perça de son dard l’animal. Idoménée, ne pouvant plus retenir ses hôtes, tombe dans une tristesse mortelle. Mentor le console, et obtient enfin son consentement pour partir. Aussitôt on se quitte, avec les plus vives démonstrations d’estime et d’amitié.


Le jeune fils d’Ulysse brûlait d’impatience de retrouver Mentor à Salente, et de s’embarquer avec lui pour revoir Ithaque, où il espérait que son père serait arrivé. Quand il s’approcha de Salente, il fut bien étonné de voir toute la campagne des environs, qu’il avait laissée presque inculte et déserte, cultivée comme un jardin, et pleine d’ouvriers diligents : il reconnut l’ouvrage de la sagesse de Mentor. Ensuite, entrant dans la ville, il remarqua qu’il y avait beaucoup moins d’artisans pour les délices de la vie, et beaucoup moins de magnificence. Il en fut choqué ; car il