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LIVRE VII.


Mentor et Télémaque s’avancent vers le vaisseau phénicien arrêté auprès de l’île de Calypso : ils sont accueillis favorablement par Adoam, frère de Narbal, commandant de ce vaisseau. Adoam, reconnaissant Télémaque, lui promet aussitôt de le conduire à Ithaque. Il lui raconte la mort tragique de Pygmalion, roi de Tyr, et d’Astarbé, son épouse ; puis l’élévation de Baléazar, que le tyran son père avait disgracié, à la persuasion de cette femme. Télémaque, à son tour, fait le récit de ses aventures depuis son départ de Tyr. Pendant un repas qu’Adoam donne à Télémaque et à Mentor, Achitoas, par les doux accords de sa voix et de sa lyre, assemble autour du vaisseau les Tritons, les Néréides, toutes autres divinités de la mer, et les monstres marins eux-mêmes. Mentor, prenant une lyre, en joue avec tant d’art, qu’Achitoas, jaloux, laisse tomber la sienne de dépit. Adoam raconte ensuite les merveilles de la Bétique. Il décrit la douce température de l’air et toutes les richesses de ce pays, dont les peuples mènent la vie la plus heureuse dans une parfaite simplicité de mœurs.


Le vaisseau qui était arrêté, et vers lequel ils s’avançaient, était un vaisseau phénicien qui allait dans l’Épire. Ces Phéniciens avaient vu Télémaque au voyage d’Égypte ; mais ils n’avaient garde de le reconnaître au milieu des flots. Quand Mentor fut assez près du vaisseau pour faire entendre sa voix, il s’écria d’une voix forte, en élevant sa tête au-dessus de l’eau : Phéniciens, si secourables à toutes les nations, ne refusez pas la vie à deux hommes qui l’attendent de votre humanité. Si le respect des dieux vous touche, recevez-nous dans votre vaisseau ; nous irons partout où vous irez. Celui qui commandait répondit : Nous vous recevrons avec joie ; nous n’ignorons pas ce qu’on doit faire pour des inconnus qui paraissent si malheureux. Aussitôt on les reçoit dans le vaisseau.