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L’ATTACHE

L’esprit humain n’a créé que deux instruments avec les seules conceptions des hommes primitifs et sans utiliser la technique moderne : c’est le boomerang, la fronde en bois des nègres de l’Australie, avec laquelle ils atteignent le gibier sauvage en plein vol et qui retourne au chasseur après avoir décrit un cercle ; puis cajak des Esquimaux, petit canot à siège, recouvert de peau, qu’un rat ferait chavirer sur l’eau la plus calme et que l’Esquimau fait danser sur les flots de la mer en furie ainsi que danse une boule de verre sur un jet d’eau.

Le ski de Telemark est aussi une planche magique si elle est maniée avec art. Il le savait déjà, il y a bientôt 700 ans, l’auteur du Koenigspiegel norvégien ! Dans sa langue charmante, naïve et pleine d’expressions pittoresques, il parle de ces hommes « que de minces planches entraînent du haut en bas des montagnes avec une très grande rapidité, grâce à leur art et à leur adresse. Rien de ce qui se meut sur la terre ne peut être comparé, quant à la vitesse, à l’homme qui possède de telles planches à ses pieds. Dans d’autres contrées où les gens n’ont pas acquis une pareille habileté, on pourrait à grand’peine trouver un homme assez souple adroit pour ne pas perdre tous ses moyens dès qu’on lui a mis ces morceaux de bois sous les pieds. »

Qu’il ne se décourage donc pas celui qui, pour la première fois, part sur les étendues neigeuses, avec des skis neufs, si, au début, ainsi que le dit le Koenigspiegel, « il perd tous ses moyens ».


L’attache. — Il n’est possible de bien diriger des skis que lorsqu’une bonne attache les relie parfaitement aux pieds. On est, sur le continent, tellement d’accord sur la meilleure forme de ski, que tous les skieurs ont adopté celui de Telemark, mais en ce qui concerne l’attache, les avis sont encore très partagés.

Les différentes manières d’attacher un ski ont parfois amené de véritables conflits d’opinion dans le monde des skieurs.

Il en est d’ailleurs de même en Norvège, où le ton des polémiques des journaux spéciaux ne laisse non plus rien à désirer et où la critique des attaches du ski alpin (alpenski), par exemple, se résume en ces deux mots : « C’est insensé » ! Ces discussions se

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