spéciale, souple, rapide, pouvant rendre à peu près les mêmes services à cette époque que l’infanterie cycliste en temps habituel.
Nous nous proposons de montrer comment le ski a rendu service à l’individu d’abord, à la nation ensuite, soit en temps de paix, soit en temps de guerre.
Le ski et l’individu. — Les habitants aisés des villes savent à peine dans quelles conditions lamentables vivent les miséreux qui, pressés par le besoin, logent dans des taudis où ils s’entassent dans la malpropreté, l’ombre et l’humidité. Ils ignorent à plus forte raison comment se logent de nombreux paysans — en particulier des régions montagneuses — par qui l’hygiène et le bien-être sont plus profondément ignorés encore.
Dans les Alpes, par exemple, pendant l’été, les habitants vivent au grand air, pur et fortifiant des montagnes ; ils logent, ou plutôt ils campent dans des chalets légèrement bâtis et ouverts à tous les vents. Cette période leur donne une provision de santé, les protège des dangers causés par leur malpropreté, leur hygiène déplorable, et écarte d’eux la tuberculose.
Mais, en hiver, il faut se chauffer et aussi économiquement que possible. C’est pourquoi on se calfeutre dans des étables voûtées dont la température est assez égale ; on mange, on couche, on vit en un mot au milieu des bétes, dans une demi-obscurité ; on respire une atmosphère humide et malsaine.
On s’étonnera moins, d’après ce tableau, du nombre d’idiots, de crétins, d’êtres rabougris que l’on rencontrait, il y a peu d’années encore, dans ces régions, et qui deviennent heureusement de plus en plus rares.
Il est pénible, en effet, de songer quelle peut être l’existence dans ces conditions, lorsque la litière des bestiaux, qui n’est renouvelée qu’au printemps, forme un tapis épais et nauséabond. L’oisiveté règne dans une pénombre continuelle, une oisiveté nuisible au physique comme au moral.
La seule occupation est en général le tissage, à l’aide d’instruments encore rudimentaires, en particulier à la veillée, pendant laquelle plusieurs familles se réunissent.
Le ski a transformé ces mœurs. En permettant de circuler sur