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LE SKI

versant raide dont la ligne de pente coupe la trajectoire du sauteur sous un angle très faible, on comprend pourquoi les accidents sont si rares.

Au début le skieur est encore sous l’impression de ces idées de crainte qui proviennent de notre manière d’apprécier le saut ordinaire, et seule une expérience de longues années peut l’en guérir.

Sauf de très rares skieurs de tout premier ordre — et même, pour ceux-là, on ne peut pas savoir ce qui se passe en eux — tous les sauteurs, surtout sur des tremplins nouveaux, ou au premier saut, après une période assez longue de repos, éprouvent le sentiment du danger ou encore la crainte de réussir plus ou moins bien. L’assurance convenable revient généralement quand on s’est entraîné de nouveau une ou deux fois.

Le public non skieur, qui n’assiste que comme spectateur aux grandes épreuves, surmonte assez vite la crainte qui s’empare de presque tous ceux qui voient pour la première fois un saut considérable sur skis. L’étonnement et l’enthousiasme sont les sentiments qui s’imposent les premiers, mais bientôt le spectateur s’habitue aux prouesses les plus importantes. Moins les sauteurs tombent à l’arrivée, plus il éprouve le besoin de sensations plus vives. Ce qui a plongé, il y a un ou deux ans, les curieux des grands concours de ski dans une émotion étonnée, leur paraît maintenant tout naturel et ils deviennent presque hostiles si on ne saute que 20 à 25 mètres.

Celui qui par orgueil et pour rechercher des applaudissements rend encore plus difficile, sans aucune nécessité, les concours de sauts par des tours de force et des difficultés, comme celle de sauter sur un seul ski, ou de terminer par un saut en travers, ne doit pas se figurer qu’il pourra longtemps satisfaire ainsi le public. Toujours on exigera du nouveau et, d’autre part, un tel sauteur n’agit pas bien vis-à-vis de ses camarades. Les courses publiques doivent stimuler et encourager le sport du ski, elles doivent exciter les maîtres à continuer à travailler avec persévérance, mais elles ne doivent pas être une représentation devant la foule d’une tribune qui souvent n’est que curieuse ou bien encore est déjà blasée.

Malheureusement il arrive trop souvent que les sauteurs font parade de leur talent devant le public. Le saut en ski est quel-

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