Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 72 —

L’OREILLER D’UNE PETITE FILLE.

Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plumes choisies, et blanc, et fait pour moi !
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

Beaucoup, beaucoup d’enfants, pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir ;
Ils ont toujours sommeil ! ô destinée amère !
Maman, douce maman, cela me fait gémir.

Et quand j’ai prié Dieu pour tous ces petits anges
Qui n’ont pas d’oreiller, moi, j’embrasse le mien ;
Et, seule en mon doux nid qu’à tes pieds tu m’arranges,
Je te bénis, ma mère, et je touche le tien.

Je ne m’éveillerai qu’à la lueur première
De l’aube au rideau bleu : c’est si gai de la voir !
Je vais dire tout bas ma plus tendre prière,
Donne encor un baiser, douce maman ; bon soir !