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J’aimais à contempler sa touchante figure
Dans le cristal mouvant de ce faible ruisseau ;
J’y trouvais son sourire, sa blonde chevelure…
Hélas ! je cherche encore et n’y vois qu’un tombeau.

Cesse de protéger la tranquille sagesse ;
À l’amour étonné retire tes bienfaits.
Je viens, loin des heureux, t’apporter ma détresse,
Sois l’asile des pleurs, sois l’arbre des regrets.

Dérobe à tous les yeux ce douloureux mystère ;
Que ton ombre épaisse enveloppe mon sort.
Sous tes pâles rameaux, retombant vers la terre,
Enferme autour de moi le silence et la mort.

Dieu ! tu m’entends ; déjà sur la tige flétrie
La fleur perd son éclat, la feuille sa fraîcheur ;
Doux saule, tu me peins le terme de la vie :
Hélas ! tu veux aussi mourir de ma douleur.

Ton aspect dans mon cœur vient d’arrêter mes larmes ;
Ah ! laisse-moi du moins le pouvoir de gémir.
De mes regrets plaintifs rends-moi les tristes charmes ;
Je le sens, il me faut ou pleurer ou mourir.