MME VICTOIRE BABOIS.
LE SAULE DES REGRETS.
Saule, cher à l’amour et cher à la sagesse,
Tu vis, l’autre printemps, sous ton heureux rameau,
Un chantre aimé des dieux moduler sa tristesse ;
Et l’onde vint plus fière enfler ton doux ruisseau.
Sur le feuillage ému, sur le flot qui murmure,
L’amour a conservé ses soupirs douloureux.
Moi, je te viens offrir les pleurs de la nature,
Ne dois-tu pas ton ombre à tous les malheureux ?
Dans ce même vallon, doux saule, j’étais mère !
Mon ame s’enivrait d’orgueil et de bonheur ;
Dans ce même vallon, seule avec ma misère,
Je n’ai que ton abri, mes regrets et mon cœur.
Ma fille a respiré l’air pur de ton rivage ;
Elle a cueilli des fleurs sur ces gazons touffus ;
Ses charmes innocens, les grâces de son âge,
Ont embelli ces lieux : doux saule, elle n’est plus !