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Son front n’est point orné de flexibles roseaux,
Et la pureté de ses eaux
Est le seul ornement qui pare son visage.
J’ai vu ses flots tumultueux,
S’échapper de son urne en torrens écumeux ;
J’ai vu ses ondes jaillissantes,
Se brisant à grand bruit sur des rochers affreux,
Précipiter leurs cours vers des plaines riantes
Qu’un ciel plus favorable éclaire de ses feux.
L’écho gémit au loin. Philomèle craintive
Fuit et n’ose sur cette rive
Faire entendre ses doux accens.
L’oiseau seul de Pallas, dans les cavernes sombres,
Confond, pendant la nuit, avec l’horreur des ombres,
L’horreur de ses lugubres chants.
Déesse de ces bords, ma timide ignorance
N’ose lever sur vous des regards indiscrets ;
Je ne veux point sonder les abîmes secrets
Où de l’astre du jour vous bravez la puissance,
Lorsque sa brûlante influence
Dessèche votre lit ainsi que vos guérets.
Je ne demande point par quel heureux mystère
Chaque printems vous voit plus belle que jamais,
Tandis qu’au départ de Cérès