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Vos attraits, chaque jour, augmentent votre orgueil ;
Vous n’appréhendez pas que votre beauté change ;
Et rien ne vous plaît tant que la vaine louange
Qui vous affranchit du cercueil.

Mais des ans fugitifs la rapide vîtesse
Vous ravira cette jeunesse,
Dont la seule fraîcheur entretient vos appas ;
Et vous verrez le temps, tyran des belles choses,
Imprimer hardiment sur vos lys, sur vos roses,
Les sombres traces de ses pas.

De ce teint délicat les couleurs animées,
Par l’âge seront consumées ;
La lumiere et la flamme abandonnant vos yeux,
Il n’en partira plus aucun trait qui nous blesse ;
Et la triste blancheur qu’ apporte la vieillesse
Couvrira l’or de vos cheveux.

Que direz-vous, Iris, quand la nouvelle image
De votre difforme visage,
Peinte dans un miroir, vous remplira de peur ?
Quand ne vous trouvant plus à vous-même semblable
Vous croirez contempler un fantôme effroyable,
En contemplant votre laideur ?