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Puisqu’il vous plaist lui faire boire
Votre calice de douleur,
Donnez à nature victoire
Sur son mal, et notre malheur.

Le désir du bien que j’attends,
Me donne de travail matière.
Une heure me dure cent ans ;
Et me semble que ma litière
Ne bouge ou retourne en arrière ;
Tant j’ai de m’avancer désir !
Ô qu’elle est longue la carrière
Où la fin gist mon plaisir !

Je regarde de tout costé,
Pour voir s’il n’arrive personne ;
Priant la céleste bonté
Que la santé à mon roi donne ;
Quand nul ne vois, l’œil j’abandonne
À pleurer, puis sur le papier
Un peu de ma douleur j’ordonne :
Voilà mon douloureux métier.