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Doulce erreur ! il dormoit… c’est assez, je respire ;
Songes légiers, flattez son doulx sommeil !
Ah ! quand voyray cestuy pour qui mon cueur souspire,
Aux miens costez, jouir de son réveil ?

Quand te voyra cestuy dont az reçu la vie,
Mon jeune époulx, le plus beau des humains ?
Oui, déjà cuide veoir ta mère aux cieulx ravie
Que tends vers luy tes innocentes mains !

Comme ira se duyzant à ta prime caresse !
Aux miens baysers com’ t’ira disputant !
Ainz ne compte, à toy seul, d’espuyser sa tendresse,
À sa Clotilde en garde bien autant…

Qu’aura playsir, en toy, de cerner son ymaige,
Ses grands yeulx vairs, vifs, et pourtant si doulx !
Ce front noble, et ce tour gracieux d’ung vizaige
Dont l’amour mesme eût fors esté jaloux !

Pour moy, des siens transportz onc ne seray jalouse,
Quand feroy moinz qu’avec toy les partir ;
Faiz, amy, comme lui, l’heur d’ugne tendre espouse,
Ainz, tant que luy, ne la fasses languir !…