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Désormais je prétends qu’il ne te manque rien.
Choisis, veux-tu des dents, des griffes redoutables ?
— Non, je ne veux rien de commun
Avec les animaux qui vivent de rapine.
— Peut-être un noir poison ? . . À moi, bonté divine !
Les serpents venimeux sont haïs de chacun.
— De cornes voudrais-tu que j’armasse ta tête,
Tel que le bouc ? Oh ! non, dit la brebis,
Si j’étais querelleuse ainsi que cette bête !
— Pour te défendre enfin contre tes ennemis,
Il faut être en état de nuire par toi-même.
— Grand Dieu ! dit-elle en soupirant,
Je n’implorerai plus ta puissance suprême,
Laisse-moi mon état présent ;
Si je pouvais nuire, ô mon père !
Je craindrais d’en voir naître en mon cœur le désir ;
J’aime bien mieux, au risque d’en périr,
Souffrir le mal que de le faire.