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De roses et lilas je tresse une couronne
Que j’effeuille en chantant tout bas ;
Et les oiseaux du ciel des grains que je moissonne
Viennent se disputer le rustique repas.

Oh ! que la vie est belle ! une longue journée
À mes yeux charmés vient s’offrir.
De saison en saison et d’année en année
Je veux voir le blé naître et le raisin mûrir.

Je veux jouir aussi, car la vie a des fêtes,
Un bonheur que j’ignore encor.
Je veux que tous ces biens deviennent mes conquêtes :
L’aigle vole à son but, quand il a pris l’essor.

Ainsi je veux atteindre à la jeune espérance
Qui devant moi sème des fleurs ;
Mon front, décoloré par ma longue souffrance,
Des roses du printemps reprendra les couleurs.

Tel que le voyageur qui, lassé de sa route,
S’assied sur le bord du chemin,
Découragée, hélas ! par la crainte et le doute,
Du bonheur qui m’attend dois-je écarter la main ?