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leur sentier et sur leur tige. À d’autres la discussion et les théories ! à d’autres l’arène !“

Elles chantent, parce qu’elles aiment et qu’elles sont aimées, parce qu’elles admirent et sont admirées, parce qu’elles sont dans la douleur, parce qu’elles sont dans la joie, elles chantent, parce qu’elles chantent. Elles sont pareilles aux oiseaux de l’air : elles gazouillent comme l’hirondelle, elles fredonnent comme le pinson, elles gémissent comme le rossignol, et l’on sent bien à les entendre qu’elles n’ont cure de se faire écouter.

De là les caractères distinctifs de leur poésie : la sensibilité, la flexibilité, la douceur, une coquetterie naïve, une perdique ardeur, la grâce, la grâce surtout, en un mot tout ce qui fait la femme, telle que nous la voyons.

Les femmes qui, douées d’une individualité plus originale, plus énergique, plus active, aspirent à certaine influence sur leur époque, se plaisent à porter le gonfanon des partis, rêvent des marches de la tribune, évoquent le silence attentif ou les applaudissements éclatants ; elles ne se mêlent point à la ronde mystérieuse et intime ; elles ne prennent point la lyre, elles portent la plume. L’histoire de la littérature nous l’atteste à pleine voix, et c’est à juste titre que la prose française nous cite avec complaisance, souventefois avec orgueil, des noms tels que Mlle de Scudéry, Mme de Staël, Mme de Duras, Mme Roland, George Sand et le brillant vicomte Delaunay qu’il ne faudrait pas confondre avec Delphine Gay, la