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Vois ce faible vaisseau ! Le vent a de ses voiles
Dispersé les lambeaux.
Sous tes pieds, ô Marie ! allume les étoiles,
Des cieux divins flambeaux.
Calme, calme les mers, rends ces fils à leurs mères,
Tu vis mourir le tien ;
Tu sais si leur douleur a des larmes amères,
Vierge, ô notre soutien !
Mère des affligés, toi qui sais comme on pleure,
Pitié, pitié de nous !
Les mers vont se calmer, si ton regard effleure
Les vagues en courroux.


Et déjà sur les flots une brise plus douce
Courait comme un baiser ;
Et les brouillards fuyaient sous la main qui les pousse.
Tout semblait s’apaiser,
Et le vaisseau, semblable à la biche blessée
Qui se lève à demi,
Soulevait sur les flots sa quille balancée
Et son mât raffermi.
Et l’on voyait au loin le tremblant équipage
Lever les bras au ciel,