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Ah ! qui sait les ennuis, les désespoirs sans nombre,
Les résignations qu’un cœur pauvre nourrit ;
Pauvre de tous les biens, et qui s’éteint dans l’ombre,
D’un mal dont sans pitié chacun s’éloigne et rit !

La laideur chez la femme est maudite et flétrie ;
De la grâce et du beau nous sommes amoureux :
C’est comme un souvenir de la noble patrie,
Qui vient frapper nos sens et parler à nos yeux.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Elle vit, en naissant, commencer sa misère ;

Triste, elle grandissait parmi ses jeunes sœurs ;
Car elle devinait, en embrassant sa mère,
Une pitié plaintive en ses yeux tout en pleurs.

Elle n’eut point d’enfance, et, venue à cet âge
Où la beauté reluit dans toute sa splendeur,
Chacun se détourna de son pâle visage,
Sans chercher plus avant ce que gardait son cœur,
 
Son cœur cachant à tous sa richesse inutile,
Ses secrets battements comprimés sous sa main,
Mystérieux parfum enfermé dans l’argile,
Beau trésor inconnu, qu’on foulait en chemin ;