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REPROCHES.


 
Pour la première fois vous avez fui mon cœur,
Ce cœur où vous pleuriez, où vous versiez votre âme ;
Vous avez un secret qu’en vain, moi, je réclame ;
Moi, que vous aimiez tant, mon regard vous fait peur,
Pour la première fois vous avez fui mon cœur.

Vous avez oublié qu’il est doux de pleurer,
Quand on a bien longtemps voulu cacher ses larmes ;
Contez-moi vos chagrins, vos secrètes alarmes,
Tout ce qui vous fait craindre ou vous laisse espérer ;
Vous avez oublié qu’il est doux de pleurer.

Oh ! pleurez avec moi votre bonheur perdu,
Et nos rêves d’enfants, trop fragile chimère ;
Pleurez pour que vos yeux retrouvent leur lumière,
Et pour que le repos au moins vous soit rendu.
Oh ! pleurez avec moi votre bonheur perdu.