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Quels rapides élans firent battre mon cœur,
Lorsqu’au milieu des cris de la foule nombreuse
Et des mères disant : que sa mère est heureuse !
Ce nom fut proclamé vainqueur !

Oh ! je l’entends encor, la fanfare résonne :
Tu cours, et, triomphant, tu reçois ta couronne ;
Et moi debout, tremblant et le bras étendu,
Je pleure, je m’écrie et je ne puis qu’à peine
Contenir le bonheur dont mon âme est trop pleine :
Je te revois ! tu m’es rendu !

Douce image ! pourquoi ne te vois-je qu’en rêve ?
Ta couronne est séchée et la tombe s’élève ;
Nul ne prononce plus ce nom que j’aimais tant,
Ou si parfois encor quelque bouche le nomme
Et murmure tout bas : infortuné jeune homme !
Nul ne se trouble en l’écoutant.

Pour moi, je t’aimais trop pour t’oublier si vite ;
Dans le fond de mon cœur ton souvenir habite ;
Tu m’apparais souvent gracieux et vermeil
Avec ton doux sourire et tes longs cils de soie ;
Et je revois encore étinceler de joie
Ces yeux qu’éteint le lourd sommeil.