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UN RÊVE.


 
Elle eût pris quatorze ans quand ont fleuri les lis,
Ma douce Noémi dont le ciel fit un ange !
Heureuse près de Dieu d’un bonheur sans mélange,
Loin de ceux qu’elle aimait tous ses vœux sont remplis.

Et j’ai passé cinq ans sans l’avoir embrassée !
Elle que mes baisers cherchaient matin et soir ;
Je ne la vois jamais qu’en rêve et qu’en pensée,
Moi qui trouvais trop long un seul jour sans la voir !

Une nuit sur mon sein elle était revenue ;
Elle était grande et belle et ravissait mes yeux :
Son front avait gardé sa couleur ingénue,
Et son regard brillait de la splendeur des cieux.

Je me taisais : mon cœur avait trop à lui dire,
Et je la contemplais ; alors elle sourit,
D’un sourire aussi doux que son premier sourire,
Alors que, s’éveillant, son âme me comprit.