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Puis, dans un cercle étroit où la foule survient,
Former les pas divers de leur danse rapide,
Pesant sur le parquet comme un oiseau timide
Sur la branche qui le soutient ?

Mais l’orchestre se tait, ses cordes sont muettes ;
Chacune accourt alors vers les riches banquettes,
Fait un léger salut et quitte son danseur,
Puis implore un peu d’air de l’éventail docile,
Qui s’agite semblable à la feuille mobile
Qu’on voit frémir près d’une fleur.

Le salon resplendit de leurs pierres brillantes,
Qui pendent en colliers, en croix étincelantes,
Ou tremblent à l’oreille en mobiles faisceaux.
Sur leurs fronts délicats l’œil satisfait admire
Ces bouquets toujours frais, qui jamais n’ont vu luire
D’autres soleils que des flambeaux.

Ce bal, ces ornements dans leurs cheveux d’ébène,
Ces bijoux, les ont fait rêver une semaine :
Pour elles tout est joie, espoir ou souvenir ;
Leur vie est un riant parterre, où chaque aurore
Qui brille à l’horizon sous leurs mains fait éclore
Une fleur nouvelle à cueillir.