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NATALIE.


 
Elle m’est apparue au milieu d’une fête,
Comme l’être idéal que cherche le poète,
Comme cet ange ami dont on connaît la voix,
Et qu’un songe pieux me fit voir autrefois.
À son regard céleste, à sa grâce ingénue,
À sa douce langueur mes yeux l’ont reconnue.
Dès-lors je pressentis combien j’allais l’aimer.
Pour elle un vague effroi vient aussi m’alarmer.
„Ah ! pourquoi, m’écriai-je en ma pitié profonde,
„Descend-elle des cieux pour habiter ce monde ?
„Des maux que la jeunesse espère en vain braver,
„Si du moins ma raison pouvait la préserver !
„Si ma tendre amitié, nos soins, ma confiance,
„Pouvaient à sa candeur servir d’expérience !“
Ces vœux que je formais, je les vois s’accomplir ;
Je vois mes tristes jours par elle s’embellir.
Pour ne pas l’affliger des chagrins qu’elle ignore,
Au bonheur, aux sermens, je feins de croire encore,
Mélange séduisant d’enfance et de raison,
Ne sachant que les noms d’amour, de trahison,