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Ou, voyant inféconds les dons de la beauté,
Ceux de l’esprit perdus, ceux de l’âme inutiles,
Nous dirons vaines et futiles
Nos croyances en ta bonté.

Est-ce donc qu’à nos yeux la suprême puissance
Témoigne, en prodiguant, de sa magnificence ?
De hautains courtisans, nobles voluptueux,
Ainsi de leurs manteaux secouaient sur l’arène
Les perles, qu’aux yeux d’une reine
Semaient leur dédain fastueux !

Mais toi, Seigneur, par qui tout s’enchaîne et se classe ;
Qui dus marquer à tout son lot, sa fin, sa place ;
L’ordre est ta gloire à toi, comme tous dons parfaits :
Qui donc impunément dérangea ton ouvrage ?
Quel pouvoir malfaisant t’outrage
En paralysant tes bienfaits ?

Pourquoi, parmi nos voix, tant de voix rejetées ?
Pour un fruit qui mûrit tant de fleurs avortées ?
Tant de grains échappés à l’épi du glaneur ?
D’où vient que sans profit tout ce bien s’éparpille,
Et que la main du sort gaspille
Tant de bonheurs pour un bonheur ?