Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 107 —



LA PAUVRETÉ.


 
La voilà, dites-vous ? Quoi ! c’est la jeune fille
Dont j’admirai naguère, au sein de sa famille,
Dans leur pure fraîcheur les attraits séduisans ?
Se peut-il que déjà cette fleur soit fanée,
Et qu’en passant dix fois, l’année
Ait vieilli ce front de seize ans ?

D’ordinaire à nous fuir la jeunesse est plus lente :
Quel vent funeste a donc touché la frêle plante ?
Quel froid hâtif surprit son feuillage mouillé,
Pour voir sitôt, privés de leur grâce infinie,
Sa feuille crispée et jaunie,
Et son calice dépouillé ?…

La pauvreté ! Vous tous qui, chers à la fortune,
N’avez subi jamais sa visite importune,