Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 99 —

Quand un rayon divin, émané de ta gloire,
Me révèle ta majesté,

Je disais, et tes saints te portaient ma prière ;
Alors de plaisirs purs tu semais ma carrière ;
Alors comme au bonheur s’ouvrant à ton amour,
Mon cœur était en paix : ainsi la fleur timide,
Dans les airs parfumés levant sa tête humide,
S’entr’ouvre aux rayons d’un beau jour.

Dans quel ravissement mon âme était plongée ! …
Le temps a fait un pas… la terre s’est changée.
Soumise à tes décrets, j’ai vécu pour souffrir :
Que de songes détruits ont trompé mes années !
Que de liens rompus ! que de fleurs moissonnées !
Que de tombeaux j’ai vu s’ouvrir !

Mais je n’ai pas cessé de bénir ta justice :
Je n’ai point, ô mon Dieu, repoussé le calice
Que ta main équitable a préparé pour moi !
Je n’ai point déserté le seuil de ta demeure,
Et du fond de l’exil, en tous lieux, à toute heure,
Ma douleur s’exhale vers toi !