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Hélas ! sans la toucher, j’ai laissé se flétrir
La palme qui m’offrait un verdoyant feuillage,
Et ce feu, qu’attendait le phare du rivage,
Dans un foyer obscur je l’ai laissé mourir.


L’ANGE.

Ce feu sacré renfermé dans ton âme
S’y consumait loin des profanes yeux ;
Comme l’encens offert dans les saints lieux,
Quelques parfums ont seuls trahi sa flamme.
D’un art heureux tu connus la douceur,
Sans t’égarer sur les pas de la gloire ;
Jouis en paix d’une telle mémoire ;
Femme, crois-moi, je conduis au bonheur.


LA MOURANTE.

Je sens pâlir mon front, et ma voix presqu’éteinte
Salue en expirant l’approche du trépas.
D’une innocente vie on peut sortir sans crainte,
Et mon céleste ami ne m’abandonne pas.
Mais, quoi ! ne rien laisser après moi de moi-même !
Briller, trembler, mourir comme un triste flambeau !
Ne pas léguer du moins mes chants à ceux que j’aime,
Un souvenir au monde, un nom à mon tombeau !