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Loin des sentiers dont ma main te repousse,
Ne pleure pas un dangereux honneur,
Suis une route et plus humble et plus douce,
Vierge, crois-moi, je conduis au bonheur.


LA FEMME.

Ô laissez-moi charmer les heures solitaires ;
Sur ce luth ignoré laissez errer mes doigts,
Laissez naître et mourir ses notes passagères
Comme les sons plaintifs d’un écho dans les bois.
Je ne demande rien aux brillantes demeures,
Des plaisirs fastueux insconstant univers ;
Loin du monde et du bruit laissez couler mes heures
Avec ces doux accords à mon repos si chers.


L’ANGE.

As-tu réglé dans ton modeste empire
Tous les travaux, les repas, les loisirs ?
Tu peux alors accorder à ta lyre
Quelques instants ravis à tes plaisirs.
Le rossignol élève sa voix pure,
Mais dans le nid du nocturne chanteur
Est le repos, l’abri, la nourriture…
Femme, crois-moi, je conduis au bonheur.