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L’ANGE.

Crains, jeune enfant, la tristesse sauvage
Dont ton orgueil subit la vaine loi.
Loin de les fuir, cours aux jeux de ton âge,
Jouis des biens que le ciel fit pour toi :
Aux doux ébats de l’innocente joie
N’oppose plus un front triste et rêveur,
Sous l’œil de Dieu suis ta riante voie,
Enfant, crois-moi, je conduis au bonheur.


LA JEUNE FILLE.

Quel immense horizon devant moi se révèle !
À mes regards ravis que la nature est belle !
Tout ce que sent mon âme, ou qu’embrassent mes yeux
S’exhale de ma bouche en sons mélodieux !
Où courent ces rivaux armés du luth sonore ?
Dans cette arêne il est quelques places encore ;
Ne puis-je, à leurs côtés me frayant un chemin,
M’élancer seule, libre, et ma lyre à la main ?


L’ANGE.

Seule couronne à ton front destinée,
Déjà blanchit la fleur de l’oranger ;
D’un saint devoir doucement enchaînée,
Que ferais-tu d’un espoir mensonger ?