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Puis j’effeuillai sa dépouille légère,
Suivant des yeux sa course passagère
Sur le ruisseau.

De mes ennuis jeu bizarre et futile !
J’interrogeais chaque débris fragile
Sur l’avenir ;
Voyons, disais-je à la feuille entraînée,
Ce qu’à ton sort ma fortune enchaînée
Va devenir ?

Un seul instant je l’avais vue à peine,
Comme un esquif que la vague promène,
Voguer en paix :
Soudain le flot la rejette au rivage ;
Ce léger choc décida son naufrage …
Je l’attendais ! …

Je fie à l’onde une feuille nouvelle,
Cherchant le sort que pour mon luth fidèle
J’osai prévoir ;
Mais vainement j’espérais un miracle,
Un vent rapide emporta mon oracle,
Et mon espoir.