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LES FEUILLES DE SAULE.


L’air était pur ; un dernier jour d’automne,
En nous quittant arrachait la couronne
Au front des bois ;
Et je voyais, d’une marche suivie,
Fuir le soleil, la saison et ma vie,
Tout à la fois.

Près d’un vieux tronc, appuyée en silence,
Je repoussais l’importune présence
Des jours mauvais ;
Sur l’onde froide, ou l’herbe encor fleurie,
Tombait sans bruit quelque feuille flétrie,
Et je rêvais ! …

Au saule antique incliné sur ma tête,
Ma main enlève, indolente et distraite,
Un vert rameau ;