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INVOCATION.


Oh ! ne puis-je étouffer les vains bruits de la vie !
Éloigner son calice amer,
Fuir cette route obscure, où je suis asservie,
Pour des aspects plus doux, un horizon plus clair !
Viens donc, ô viens à moi, bienfaisante immortelle,
Seule consolatrice à mes ennuis fidèle ;
Accours, les yeux pensifs, le front paré de fleurs,
Avec ta harpe d’or, qui vibre au fond de l’âme,
Ta coupe, d’où s’épanche un breuvage de flamme,
Et ton prisme aux mille couleurs !

Toi seule as su charmer ma route commencée ;
De mes pas, qu’entravaient mille obstacles divers,
Quelques-uns, mesurés au bruit de tes concerts,
Laissaient sur mon chemin leur trace cadencée ;
Ce sont les seuls encor qui ne m’aient point lassée.
Ainsi, de longs travaux le soldat rebuté,
Sous la bise d’hiver, ou le soleil d’été,