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Quand ceux qui nous aiment trahissent,
Que feront ceux qui nous haïssent ?
Des cris de mort qu’ils ont poussés
Mon juge se fait le complice ! …
L’abandon, l’oubli, l’injustice ! …
C’est assez, mon Dieu, c’est assez !

Devant moi s’ils courbent la tête,
Leur feint respect est un affront ;
De la couronne qu’ils m’ont faite
L’épine ensanglante mon front ;
Mon sceptre est un sceptre illusoire,
C’est une pourpre dérisoire
Qui couvre mes membres blessés ;
Que cette royale ironie,
Plaise à vous, soit bientôt finie ! …
C’est assez, mon Dieu, c’est assez !

Seigneur, jusqu’au lieu de torture
Faut-il encor traîner sa croix ?
Elle est trop pesante et trop dure,
Mon corps succombe sous le poids.