Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 79 —

Brisés dans cette lutte étrange,
Il nous faudrait la main d’un ange
Pour essuyer nos fronts glacés ;
Ne prolongez pas le supplice,
Détournez de nous ce calice :
C’est assez, mon Dieu, c’est assez !

Vainement notre voix supplie,
Soit qu’on l’ait ou non accepté,
Il faut boire jusqu’à la lie,
Car telle est votre volonté ;
Mais laissez-nous la solitude ;
Ne rendez pas la multitude
Témoin de tant de pleurs versés,
Ou si quelque traître la guide,
Sauvez-nous du baiser perfide ! …
C’est assez, mon Dieu, c’est assez !

Paix ! fils de l’homme, voici l’heure
Où, vendu pour quelques deniers,
Pas un ami ne te demeure :
Les plus chers ont fui les premiers !