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quels les Busiris et les Phalaris n’avaient pas songé. (Voy. tolède ferdinand.) Ce monstre mourut dans la province de Groningue, en 1597, à l’âge de 68 ans.

* SONTHONAX (Léger-Félicité), commissaire français à Saint-Domingue, membre du conseil des Cinq-cents, né en 1763, à Oyonnax, département de l’Ain, étudia le droit et fut reçu avocat à Paris. Il exerçait cette profession au commencement de nos troubles politiques. Louis XVI l’envoya à Saint-Domingue ; de retour à Paris, il suivit avec chaleur la cause de la révolution. Après le décret sur la liberté des nègres, la Convention nationale l’envoya de nouveau à Saint-Domingue, où ce décret avait mis en effervescence tous les colons (1792). Sonthonax et ses deux collègues, Polverel et Ailhaud, voulurent employer la force pour les contraindre d’obéir : ce fut dans cette lutte violente que les nègres se livrèrent à tous les excès. Les commissaires se hâtèrent de reconnaître solennellement deux classes distinctes à Saint-Domingue, celle des hommes libres sans distinction de couleur, et celle des esclaves : ils ne surent pas achever le rapprochement commencé par cette déclaration entre les deux partis d’hommes libres : ils se séparèrent pour gouverner chacun un département de la colonie, et ne cherchèrent plus à s’appuyer que sur les hommes de couleur. Alors recommença la guerre contre les noirs révoltés. Sonthonax assura la soumission du Port-au-Prince, et revint au Cap, où il reçut un accueil triomphal. Mais le parti des commissaires ne tarda pas à être menacé de nouveau : sur le point d’être écrasés, ils rompirent la chaîne des noirs, et armèrent les esclaves, auxquels Sonthonax et Polverel (Ailhaud avait donné sa démission) promirent ensuite l’affranchissement général dans la partie française. Cette résolution excita le soulèvement de tous les hommes libres qui appelèrent à leur secours les Anglais de la Jamaïque, et Sonthonax, après avoir défendu avec un admirable courage la ville du Port-au-Prince, qui tomba par trahison en leur pouvoir (1793), fit voile pour la France, où il fut accusé d’actes révolutionnaires et de jacobinisme. Décrété d’accusation le 16 juillet 1793, il ne parut à la barre de la Convention qu’après le 9 thermidor (27 juillet 1794) ; le parti des terroristes ayant enfin succombé, Sonthonax, qui avait toujours été chaud partisan des girondins fit aisément détruire le décret porté contre lui. En 1796, il fut encore envoyé à Saint-Domingue par le Directoire. Il trouva dans cette île le nègre Toussaint Louverture, presque tout-puissant ; il fut obligé de lui céder le commandement en chef des armées de la colonie ; dès lors il n’eut plus aucune influence. Toussaint qui s’en aperçut, crut pouvoir lui intimer l’ordre de retourner en France. De nouvelles accusations pesèrent sur la tête de Sonthonax : mais il parvint à imposer silence à M. de Vaublanc, son principal accusateur, qui l’avait dénoncé au corps législatif. Après le 18 fructidor, il entra au conseil des Cinq-cents. Il parla quelquefois sur les colonies, rendit compte de leur situation, et sortit du conseil le 20 mai 1798. Après le 18 brumaire, il fut compris dans la liste des déportés, arrêté et enfermé à la Conciergerie. Il n’y resta que peu de jours, et vécut ignoré jusqu’à ce que, ayant témoigné, en 1803, son approbation sur ce qui se passait à Saint-Domingue, il reçut l’ordre de quitter Paris, et fut exilé à Fontainebleau. De là il passa à Oyonnax, où il mourut en juillet 1815.

SOPHOCLE, célèbre poète grec, surnommé l’Abeille et la Sirène attique, naquit à Colonos ou Colone, bourg aux portes d’Athènes, l’an 495 avant J.-C., 2e année de la 71e olympiade. Il se distingua de bonne heure par ses talens pour la poésie et pour le gouvernement. Élevé à la dignité d’archonte, il commanda en cette qualité l’armée de la république, et signala son courage en diverses occasions. Il partagea avec Euripide les suffrages des Athéniens. Ces deux poètes étaient contemporains et rivaux, et leur rivalité a paru dégénérer en inimitié, quoiqu’un auteur moderne en ait jugé plus favorablement, du moins par rapport à Sophocle. « La rivalité de Sophocle, dit-il, était celle d’un homme de génie, d’un grand homme qui ne rougit point de trouver des égaux, et qui ne fait consister son orgueil que dans la gloire de les combattre et de les vaincre. » L’auteur de la Vie d’Euripide rend également justice aux sentimens généreux de Sophocle, « qui, apprenant la mort de son émule au moment même où il était prêt à monter sur le théâtre, et que le spectacle allait commencer, prit sur-le-champ un habit de deuil, et ordonna à ses acteurs d’ôter leurs couronnes ». Les pièces de Sophocle sont plus conformes