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mots, les étonnait par un air de grandeur, et les terrassait par un ton de force et de véhémence. Le premier avait plus d’esprit, le second plus de génie. Les harangues d’Eschine ont été recueillies avec celles de Lysias, d’Andocides, d’Isée, de Dinarque, d’Antiphon, de Lycurgue, etc., par les Aldes, 5 vol. in-fol., 1515. L’abbé Auger a donné une traduction d’Eschine avec celle de Démosthènes, Paris, 1777, 5 vol. in-8o.

ESCHINE, philosophe grec. On ignore le temps auquel il vivait. Nous avons de lui des dialogues avec les notes de Le Clerc, Amsterdam, 1711, in-8o, qui se joignent aux auteurs cum notis variorum.

* ESCHIUS (Nicolas) naquit en 1507 à Oostwick, près Bois-le-Duc. Ayant été ordonné prêtre à Cologne, son savoir et sa piété lui valurent l’offre honorable de se charger de l’éducation du jeune duc de Juliers. Mais la vie de la cour ne convenait pas au caractère d’Eschius : il n’aurait pu être témoin des désordres qui y règnent ordinairement. Il refusa cet emploi honorable, préférant consacrer ses talens à la direction d’une modeste école. Il y forma des élèves aussi utiles à l’état qu’à l’Église. On compte parmi ceux qui profitèrent le plus de ses soins, Pierre Canisius, jésuite, et Laurent Surius, chartreux. S’étant lié avec ce dernier et plusieurs autres religieux du même ordre, il résolut d’embrasser leur institut ; mais la faiblesse de sa santé s’opposa à son pieux dessein. Il voulut du moins imiter leur vie solitaire, et obtint une cellule dans la chartreuse, où il mena une vie édifiante. Les supérieurs ecclésiastiques pensant devoir employer ses talens et sa piété à procurer le salut d’autrui, le nommèrent archiprêtre de Diest, et le chargèrent en même temps de la direction du béguinage de cette ville. Eschius s’acquitta avec zèle de ces deux emplois et forma divers établissemens pieux. Il termina en 1578 une carrière qu’il avait sanctifiée par la pénitence et les bonnes œuvres. Sa vie a été écrite par Arnould de Jean, son successeur dans la direction du béguinage de Diest. On a de ce vénérable ecclésiastique : | Exercices de piété, en latin, Anvers, 1563, in-8o, 1569, in-16. Ils ont été traduits en flamand et réimprimés en 1715. On trouve dans cette dernière édition la Vie d’Eschius, traduite aussi en flamand. | Isagoge ad vitam introversam capessendam, à la tête d’un livre intitulé : Templum animæ publié par Eschius, Anvers, 1563, in-8o ; | Margarita evangelica, livre de spiritualité traduit du flamand en latin. Cet ouvrage et le Templum animæ appartiennent à une sainte fille dont on ignore le nom. La Margarita a été souvent réimprimée en latin, en français, en flamand et en allemand.

ESCHYLE, né à Éleusis, l’an 525 avant Jésus-Christ selon les marbres d’Arundel, signala son courage aux journées de Marathon, de Salamine et de Platée ; mais il est moins célèbre par ses combats que par ses poésies dramatiques. Il perfectionna la tragédie grecque, que Thespis avait inventée. Il donna aux acteurs un masque, un habit plus décent, une chaussure plus haute, appelée cothurne, et les fit paraître sur des planches rassemblées pour en former un théâtre. Auparavant ils jouaient sur un tombereau ambulant comme quelques-uns de nos comédiens de campagne. Eschyle régna sur le théâtre, jusqu’à ce que Sophocle lui disputa le prix et l’emporta. Ce vieillard ne put soutenir l’affront d’avoir été vaincu par un jeune homme. Il se retira à la cour d’Hiéron, roi de Syracuse, le plus ardent protecteur qu’eussent alors les lettres. On raconte qu’il perdit la vie par un accident très singulier. Un jour qu’il dormait, dit-on, à la campagne, un aigle laissa tomber une tortue sur sa tête chauve qu’il prenait pour la pointe d’un rocher. Le poète mourut du coup l’an 436 avant J.-C., suivant les calculs de Larcher dans sa Chronologie d’Hérodote. Il paraît que l’aigle a la vue trop perçante, pour ne pas distinguer la tête d’un homme, de la pointe d’un rocher. Cependant les historiens se plaisent à répéter cette catastrophe singulière. On ajoute qu’un astrologue avait prédit à Eschyle qu’il mourrait de la chute d’une maison, et que pour cela il se tenait presque toujours en rase campagne. Ce poète a de l’élévation et de l’énergie ; mais elle dégénère souvent en enflure et en rudesse. Ses tableaux offrent de trop grands traits, des images gigantesques et épouvantables ; ses fictions sont hors de la nature, ses personnages monstrueux. La représentation de ses Euménides était si terrible, que l’effroi et le tumulte qu’elle causa fit écraser des enfans et blesser des femmes enceintes. Ses tragédies sont au nombre de 60, d’après l’auteur grec anonyme de sa vie et de 90 selon Suidas. Sept seulement ont