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nuit, et attacha à la porte de Minerve un bouclier qui alarma le peuple de cette ville. Les Messéniens, après quelques succès, furent abandonnés de leurs alliés, vaincus, et obligés de se retirer dans une place forte sur le mont Ira. Aristomène soutint le siége pendant onze ans. Mais enfin, obligé de céder, il se réfugia dans l’île de Rhodes. Il fut tué quelque temps après, ou, selon d’autres, il mourut de maladie, l’an 640 avant J.-C. On dit que, lorsqu’on ouvrit son corps on lui trouva le cœur tout velu. Pausanias a écrit sa Vie.

ARISTON, fils et successeur d’Agasiclès, vers l’an 560 avant J.-C., dans le royaume de Lacédémone, est connu dans Plutarque par ses réparties. Quelqu’un lui ayant dit que le devoir d’un roi était de faire du bien à ses amis, et du mal à ses ennemis, il répondit « qu’il convenait bien plus à un roi de conserver ses anciens amis, et de savoir s’en faire de nouveaux de ses plus grands ennemis. » Ayant appris que l’on avait fait un éloge funèbre des Athéniens qui avaient été tués en combattant contre les Lacédémoniens, il dit : « S’ils honorent tant les vaincus, quel honneur méritent donc les vainqueurs ? » Il eut pour fils Démarate, qui lui succéda.

ARISTON de l’île de Chio, surnommé Sirène, et disciple de Zénon, abandonna son premier maître, dont la rigueur des principes stoïques le rebutait, et s’attacha à Palémon, dont la morale s’accommodait très bien avec sa douceur naturelle. Il se fit une doctrine particulière ; il disait qu’un sage ressemble à un bon comédien, qui fait également bien le rôle d’un roi et celui d’un valet. Le souverain bien, selon lui, était dans l’indifférence pour tout ce qui est entre le vice et la vertu. Il comparait ingénieusement les argumens des logiciens aux toiles d’araignée, fort inutiles, quoique faites avec beaucoup d’art. Il rejetait la logique, parce que, disait-il, elle ne mène à rien ; et la physique, parce qu’elle est au-dessus des forces de notre esprit. Quoiqu’il n’eût pas absolument rejeté la morale, il la réduisait à peu de chose. Il ne reconnaissait qu’une seule vertu qu’il appelait santé, et à laquelle toutes les autres devaient se rapporter. Aussi finit-il par la volupté, après avoir commencé par la philosophie : sort commun à tous ceux qui ne sont philosophes que par ostentation et pour le vain plaisir de débiter des maximes sonores. Il florissait vers l’an 236 avant J.-C. On dit qu’il était fort chauve, ce qui lui fit donner le surnom de Phalantus, et qu’ayant été frappé à la tête d’un coup de soleil, cet accident fut cause de sa mort.

ARISTON (Titus), jurisconsulte romain, sous l’empire de Trajan, cherchait la récompense de la vertu dans la vertu même, ce qui est une espèce d’absurdité, car la vertu doit avoir un principe et un motif différent d’elle-même. Ayant été attaqué d’une longue maladie, il pria ses amis de demander aux médecins s’il pouvait espérer sa guérison, en leur déclarant que s’il n’y avait pas d’espérance, il se donnerait la mort, mais que si son mal n’était point incurable, il se résoudrait à souffrir et à vivre pour sa femme, sa fille et ses amis. Pline le Jeune en fait un bel éloge : mais n’eût-il eu que la faiblesse du suicide, il est clair qu’il en faut beaucoup rabattre.

ARISTONICUS, fils d’Eumènes et d’une concubine d’Éphèse, irrité de ce qu’Attalus III avait donné le royaume de Pergame aux Romains, leva des troupes pour s’en emparer et s’y maintenir, et défit le consul Licinius Crassus, l’an 121 avant J.-C. La même année, le consul Perpenna le prit, et l’ayant fait conduire à Rome, il y fut étranglé en prison par ordre du sénat. Ce prince fut le dernier des Attalides, qui occupèrent le trône de Pergame l’espace de 154 ans.

ARISTOPHANE, poète comique grec, Athénien de naissance, qui vivait l’an 427 avant J.-C, fit retentir le théâtre d’Athènes des applaudissemens que l’on donna à ses pièces. On lui décerna, par un décret public, une couronne de l’olivier sacré, en reconnaissance des traits qu’il avait lancés contre ceux qui étaient à la tête de la république, et qui paraissaient avoir besoin de cette correction. Il avait composé 54 comédies ; il ne nous en reste plus que 11. Ce qui le distingue parmi les comiques grecs, est le talent de la raillerie. Il saisissait les ridicules avec facilité, et les rendait avec vérité et avec feu. Platon a jugé favorablement ce poète, puisqu’il lui donne une place distinguée dans son Banquet, où il le fait parler suivant son caractère. On rapporte que le même Platon envoya à Denis le Tyran un exemplaire de cet auteur, en l’exhortant à le lire avec attention, s’il voulait connaître à fond l’état de la république d’Athènes. Les philosophes se sont déchaînés contre lui ; et la raison de cet acharnement, c’est