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MYCÈNES, ATHÈNES. 51
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MYCÈNES.

Acrisius, dernier roi d’Argos, apprit de l’oracle qu’il serait un jour prive du royaume et de la vie par son petit-fils, et résolut de sacrifier Danaé, sa fille unique, à sa propre sûreté. Aussitôt qu’elle fut accouchée de Persée, il les fit enfermer l’un et l’autre dans un coffre, où ils furent exposés aux flots de la mer. Ils abordèrent à l’île de Sériphe, aujourd’hui Serphino, dans l’Archipel. Dictys, frère de Polydecte, souverain de cette île, les prit sous sa protection, et éleva le jeune enfant avec beaucoup de soin. Persée, doué d’un courage héroïque, se signala par des exploits, et soumit même plusieurs peuples. Comme il ignorait sa destinée, il retourna dans sa patrie, et tua par mégarde Acrisius, son aïeul, dont il recueillit l’héritage ; mais inconsolable de ce parricide involontaire, il ne put demeurer dans un lieu qui le lui rappelait sans cesse. Il bâtit Mycènes, dont il fit la capitale de ses états et le lieu de sa demeure. Huit de ses descendants lui succédèrent jusqu’à Penthilde et Comètes, qui furent chassés par les Héraclides, et Mycènes recouvra sa liberté ; mais elle fut détruite en 468 par les Argiens qui se rendirent maîtres de tout le pays.

rois de mycènes.

Av. J.-C.

Persée II 1348

Sthenelus 1337

Eurystée 1329

Atrée et Thyeste 1291

Agamemnon 1226

Egisthe 1209

Oreste, roi de Mycènes et d’Argos 1202


Av. J.-C.

Tisamène 1132

Penthile et Cometès, derniers rois d'Argos 1129

À cette époque, les Héraclides ou les descendans d’Hercule entrent au Péloponèse.

ATHÈNES.

De toutes les républiques de la Grèce, Athènes et Lacédémone marchaient à la tête. Mais contraires par leurs mœurs et leurs intérêts, elles s’embarrassaient l’une l’autre dans le dessein qu’elles avaient d’assujettir la Grèce. Toujours ennemie, la même destinée les courba pourtant sous le joug de ce grand empire romain qui devait engloutir tous les peuples de l’univers.

Athènes, capitale de l’Attique, fut le siège des sciences et le théâtre de la valeur. Cécrops, conduisant une colonie d’Egyptiens, vint soumettre les peuples de ce pays et fonda douze bourgs, dont se forma le royaume d’Athènes. Thésée, l’un de ses successeurs, renferma ces douze bourgs dans une même enceinte. Codrus, dix-septième roi, ayant consulté l’oracle sur les événements de la guerre que se faisaient les Athéniens et les Héraclides, apprit que la victoire demeurerait au peuple dont le chef périrait. Cette réponse décide de ses jours ; il s’expose dans la mêlée, et sa mort assure la victoire aux Athéniens. Comme ses deux fils, Médon et Nélée, se disputaient la couronne, les Athéniens saisirent l’occasion d’abolir la royauté, et s’érigèrent en république sous des archontes dont le gouvernement d’abord était à vie. Le premier fut Médon, fils de Codrus ; le treizième et dernier, Alcméon. Les Athéniens s’apercevant que c’était toujours le pouvoir absolu sous un autre nom, fixèrent d’abord la dignité des archontes à dix ans. Le premier fut Charops ; le septième et dernier Eryxias. Enfin, jaloux de leur liberté, ils rendirent l’archontat annuel. Ces changements continuels excitèrent des factions ; Athènes, déchirée, crut y mettre fin en confiant son autorité à des mains sages et prudentes. Elle jeta les yeux sur Dracon, qui lui donna des lois si sévères qu’on les disait écrites avec du sang : aussi disparurent-elles avec lui. Solon lui succéda. (Voyez Solon dans le Dictionnaire.) Dans Athènes s’élevèrent des tyrans qui corrompirent tout le bien que ce législateur avait fait. Tels furent Pisistrate et ses fils Hipparque et Hippias. Mais ce dernier ayant été chassé, la démocratie remplaça le gouvernement tyrannique. Les Lacédémoniens, vainqueurs dans la guerre du Péloponèse, prirent Athènes, et lui imposèrent trente capitaines, appelés les trente tyrans dont Thrasybule, Athénien, délivra sa patrie. Philippe de Macédoine, Alexandre le Grand son fils, et Cassandre, successeur de ce conquérant au trône de Macédoine, attentèrent encore à la liberté d’Athènes ; mais elle se rétablit bientôt après. Enfin cette ville fut prise par Sylla, et les Athéniens plièrent sous le joug que les Romains imposèrent à tous les peuples. S’étant attaches à Antoine, ils furent faits tributaires par Auguste, et réduits en province romaine sous Vespasien.


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